Une cinquantaine de cordes à sauter figées furent disséminées en pleine nuit, devant l'Hôtel de Ville, sur la zone la plus passante de Mons.

Reliées à un site internet grâce à un Code QR, ces cordes à sauter rendues inutilisables, figuraient le jeu rendu inaccessible, et symbolisaient la solitude et les privations de l'enfance maltraitée. 

Les cordes, ainsi offertes temporairement à l'espace public, devenaient orphelines et donc soumises au bon vouloir de chacun (intérêt ou désintérêt) et donc aux possibles accidents (vols, dégradations ou nettoyage intempestif).

Au petit matin, toutes les cordes, ou presque, avaient disparu. Une seule corde jonchait encore symboliquement l'espace public.

Nous avons tenté de regrouper les traces de notre installation. Nous sommes partis à la recherche des ces cordes, en sollicitant, sur le terrain, tous les parties concernées.

En reconstituant l'histoire de cette disparition, nous avons mis à jour un fait troublant. Cette installation révèlait sa pertinence. En témoignant de sa fragilité et de son échec, elle mettait en avant la difficulté de traitement d'un tel sujet sur la place publique : où placer la responsabilité si ce n'est sur le champ collectif, entre désintérêt des pouvoirs publics, désintérêts des citoyens, échecs multiples des actions de sensibilisation ? 

Cette investigation démontrait également que l'énergie et les actions déployées par les acteurs sociaux étaient au centre des enjeux et se devaient d'être relayées et soutenues.

Nous avons donné rendez-vous à la commanditaire sur la Grand Place pour lui faire part de notre recherche, rendre compte des traces encore visibles de l'installation et lui offrir un outil non ephémère à partager avec le plus grand nombre : un wordpress développé pour que d'autres acteurs s'en emparent et fassent entendre, à leur tour, les problèmes de la maltraitance infantile.